En plus de deux siècles, Pleyel a su montrer sa volonté permanente d’innover et de se réinventer, tant du point de vue technique qu’esthétique, afin de répondre aux souhaits des musiciens les plus exigeants. La Maison Pleyel a toujours accompagné les plus grands interprètes et compositeurs à travers les époques.
« Quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son à moi, il me faut un piano de Pleyel », aimait à répéter Chopin.
Les pianos Pleyel, célébrés par de nombreuses récompenses et autres prix, sont reconnus pour leurs multiples innovations qui ont permis l'évolution globale de ce si bel instrument. Pionnière dans l’âme, la Maison Pleyel symbolise le génie français en matière de facture instrumentale.
L'histoire de Pleyel en vidéo
Ils ont forgé la légende Pleyel...
Nombreuses sont les célébrités historiques qui ont contribué à forger la légende de cette marque prestigieuse : compositeurs, écrivains, peintres, architectes, entrepreneurs, politiques, hauts dignitaires, aristocrates… Pour ne citer que les premiers d’entre eux...
Frédéric Chopin - César Franck - Charles Gounod - Claude Debussy - Edvard Grieg - Frédéric & Arthur Kalkbrenner - Jules Massenet - Félix Mendelssohn - Giacomo Meyerbeer - Jacques Offenbach - Johann Baptist Cramer - Maurice Ravel - Gioacchino Rossini - Arthur Rubinstein - Camille Saint-Saëns - Richard Strauss - Jacques Ibert - Marguerite Long - Famille Maupassant - George Sand - Eugène Scribe - Alfred Cortot - Georges Bizet - Sergueï Rachmaninov - Nikolaï Rimski-Korsakov - Wanda Landowska - Comtesse de Ségur - Alexis de Tocqueville - Léon Tolstoï - Ivan Tourgueniev - Eugène Delacroix - Famille Puvis de Chavannes - Ary Scheffer - Horace Vernet - Eugène Viollet-le-Duc - Jean de Dietrich - Henry Lemoine - Ferdinand de Lesseps - Cognac Hennessy - Cognac Martell - Champagne Moët - Isaac Pereire - Louis Roederer - Famille Rothschild - Maréchal Exelmans - Comte Charles de Flahaut (Aide de camp de Napoléon Ier) - Patrice de Mac-Mahon - Victor Schoelcher - Prince Pierre d'Alcantara-Charles-Marie d'Arenberg - Letizia Bonaparte (mère de Napoléon) - Jérôme Bonaparte (frère de Napoléon) - Prince François Borghèse - Prince Victor de Broglie - Prince de Clermont-Tonnerre - Duchesse de Crillon - Napoléon Joseph Ney (Prince de la Moskowa) - Prince Klemens de Metternich - Madame Récamier - Jules Polignac (Prince du Saint-Empire) - Anna Pavlovna de Russie (Reine des Pays-Bas) - Dom Pedro Ier (Empereur du Brésil et Roi du Portugal) - Ferdinand-Philippe d’Orléans (Prince héritier de France) - Isabelle II d’Espagne (Reine d’Espagne) - Wilhelmine de Prusse (Reine de Hollande) - Elena Pavlovna de Russie (Majesté impériale) - Louis-Philippe (Roi des Français)...
La Belle Histoire de 1807 à nos jours
Le fondateur
Un musicien et un compositeur de talent
Si le nom Pleyel est aujourd’hui mondialement connu, peu de gens savent qui se cache derrière ce patronyme légendaire de la musique.
Ignaz Pleyel naquit le 18 juin 1757 à Ruppersthal en Basse-Autriche. Fils d’instituteur, le jeune homme fut très tôt remarqué pour ses talents de musicien par le comte Ladislaus Erdöly qui devint son mécène. Il put ainsi suivre de prestigieux enseignements et devenir notamment l’élève préféré de Joseph Haydn. Avec l’appui de son protecteur, Ignaz Pleyel fit de nombreux voyages en Europe, où il rencontra les principaux acteurs de la vie musicale de l’époque.
En 1783, Ignaz Pleyel parvint à Strasbourg où il prit la direction de l’École de musique du prince de Rohan avant d’être nommé, en 1789, maître d’orchestre de la cathédrale de Strasbourg. Le musicien obtint ainsi le droit de bourgeoisie qui lui permit d’acquérir la citoyenneté française et de se rebaptiser Ignace.
Mozart : " Quel bonheur pour la musique "
Pendant les quinze dernières années du XVIII e siècle, Ignace Pleyel fut le musicien le plus populaire et le plus joué ; son talent était très largement apprécié par ses confrères, au premier rang desquels figurait Mozart qui déclara à son propos : Quel bonheur pour la musique !
En couronnement de cette notoriété, Pleyel enchaîna une série de concerts à Londres en 1792 en compagnie de son maître Joseph Haydn. Les deux virtuoses étaient au sommet de leur art. Alors que la Révolution française battait son plein, les meilleurs artistes français étaient sollicités pour célébrer ces temps nouveaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ce fut à cette occasion qu’Ignace Pleyel composa l’Hymne à la liberté en 1791 puis La Révolution du 10 août en 1793. Et tandis que les compositeurs révolutionnaires étaient nommés professeurs au tout nouveau Conservatoire, Ignace Pleyel préféra s’établir avec sa famille dans le quartier de la Chaussée d’Antin à Paris, où il fonda une maison d’éditions musicales.
Un talent au service de son art
En 1797, Ignace ouvrit une modeste boutique d’éditions musicales à Paris. Il commença évidemment par publier ses œuvres mais aussi celles de Haydn, Mozart, Beethoven ou encore Boccherini.
Débordant d’idées, il inventa peu de temps après, la partition de poche. Sa collection à bas prix en format de poche s’appelait " Bibliothèque musicale ". Des changements de mode dans la musique poussèrent Ignace Pleyel à mettre en sommeil sa carrière de musicien pour se consacrer à son métier d’éditeur. Mais très vite il étoffa ses activités en développant la vente d’instruments divers, notamment des harpes, des guitares et des pianos.
1807, les premiers Pianos Pleyel
Pour fabriquer ses propres pianos, Ignace Pleyel s’associa à Charles Lemme qui possédait un atelier à Paris. Pleyel s’installa dans ses propres locaux fin 1807. De plus en plus absorbé par sa manufacture, il se libéra en 1809 de sa maison d’édition. Malheureusement, peu de temps après, la vente d’instruments traversa une profonde crise et il peina à vendre ses instruments.
Sans l’aide financière de ses amis musiciens comme Kalkbrenner, Rossini ou encore Méhul, les pianos Pleyel auraient eu une existence extrêmement brève. En 1824, son fils Camille le rejoignit pour assurer le relais sur l’ensemble des activités commerciales de l’entreprise. Ignace Pleyel se détacha peu à peu de la vie musicale avant de se retirer dans sa maison de Somereau près de Paris.
Une dynastie de musiciens
Camille Pleyel, un musicien qui émerveille Chopin
Né en 1788 à Strasbourg, Camille Pleyel fut d’abord l’élève de son père avant de recevoir les enseignements du virtuose Jan Ladislav Dussek.
Musicien et concertiste de talent, Camille fit de nombreux voyages à travers l’Europe et il fut notamment remarqué à la cour du roi d’Angleterre. Moins prolifique que son père en matière de composition, Camille se révélait néanmoins meilleur musicien.
Son ami Frédéric Chopin disait d’ailleurs de lui : Il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul homme capable de jouer Mozart, et c’est (Camille) Pleyel. Quand il veut bien exécuter une sonate à quatre mains avec moi, je prends une leçon.
Un nouvel élan pour les pianos Pleyel
En 1824, âgé de trente-cinq ans, Camille rejoignit son père dans l’aventure des pianos Pleyel. Il profita de ses nombreux voyages pour visiter des manufactures comme Broadwood et il s’en inspira pour perfectionner ses propres pianos. Dès 1825, ses travaux de recherches et ses innovations permirent à la Maison de se développer.
Camille disposait d’un autre atout non négligeable : ses relations et ses amitiés avec les grands musiciens de l’époque. Kalkbrenner, qui avait déjà aidé son père, devint son associé dès 1824, tandis que d’autres artistes à l’instar de Cramer, Moscheles ou encore Frédéric Chopin, faisaient la promotion de la marque dans le monde entier. Ainsi, rapidement après son entrée, la Maison connut-elle un formidable essor et acquit une renommée internationale.
Une obsession : perfectionner ses instruments
Dirigée par des musiciens passionnés, la Maison Pleyel sut toujours dialoguer avec les artistes de son temps en les associant à ses innovations. Souvent visionnaires, elles devinrent néanmoins des classiques. Dès 1825, Pleyel père et fils déposèrent un brevet pour la fabrication de " pianos unicordes " (une seule corde par note au lieu des deux ou trois habituelles).
En 1827, ils présentèrent leurs pianos à l’Exposition Nationale de Paris et obtinrent une médaille d’or, devenant dès lors les fabricants de pianos à queue attitrés de Louis-Philippe, duc d’Orléans et futur roi de France.
D’autres inventions s’ensuivirent : perfectionnement du sommier d’accroches afin de pallier les désagréments subis par les cadres en bois, brevet en 1828 d’un procédé de sommier dit " prolongé " qui améliorait sensiblement la sonorité, mise en place de plusieurs systèmes de renforts, brevet de placage à contre-fil de la table d’harmonie…
Une nouvelle ère s’ouvre
Le 14 avril 1829, la santé d’Ignace Pleyel s’étant altérée, le père et le fils réglèrent la succession et fondèrent avec leur fidèle ami et pianiste de renom Friedrich Kalkbrenner la " Société Ignace Pleyel et compagnie ", une entreprise qui fabriquerait, vendrait et louerait des pianos.
Un second acte concernant uniquement les éditions musicales fut également établi.
A partir de cette date, Kalkbrenner fut financièrement associé à toutes les réalisations menées par la Maison Pleyel, et ce jusqu’à sa mort en 1849. Ces opérations concernaient l’achat des terrains de la rue Cadet et de la rue de Rochechouart, l’édification de bâtiments,
l’aménagement des salons de concerts... : une nouvelle ère s’ouvrait.
L’ambassadeur de prestige
Les artistes, la meilleure promotion pour la marque
En cette première moitié du XIX e siècle, la vie musicale parisienne battait son plein. Le 1 er janvier 1830, Camille Pleyel organisa le premier concert public interprété sur un piano Pleyel, inaugurant ce qui allait devenir une coutume : présenter les pianos au public à l’occasion de concerts.
S’entourer d’artistes, découvrir des talents et les produire avec leurs instruments devenaient ainsi l’une des caractéristiques de la Maison Pleyel. Camille considérait comme complémentaires à son industrie ces manifestations musicales au cours desquelles le public pouvait apprécier et juger des qualités sonores des instruments qu’il vendait.
Les premières salles de concert au monde
En 1830, il n’existait pas à proprement parler de salles de concert mais des locaux sommairement aménagés. Rapidement, ces salles ou foyers furent dénommés " salons " à l’instar des salons littéraires du siècle des Lumières.
Ce fut dans ce contexte que Camille inaugura le 1 er janvier 1830 ses fameux salons, situés au 9 de la rue Cadet. Ils allaient devenir un haut lieu de la vie musicale parisienne où de nombreux virtuoses se firent entendre pour la première fois. Camille ouvrit ainsi ses portes à tous les artistes étrangers de passage à Paris : Cramer, Steibelt, Moscheles, Hummel, John Field. Les salons de la rue Cadet préfiguraient ce qui allait devenir la toute première salle au monde dédiée à la musique. Située au 22, rue de Rochechouart, et financée grâce au commerce des éditions musicales, elle abritait quelque 550 places assises.
1831 : un tournant dans la vie de Camille
L’année 1831 marqua un tournant dans la vie de Camille. Le 17 novembre, Ignace Pleyel disparut, laissant derrière lui une œuvre de compositeur importante. Il fut enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Peu avant le décès de son père, Camille avait épousé Marie Mock, précédemment fiancée à Berlioz. Cette concertiste, virtuose accomplie, réputée à travers toute l’Europe, lui ouvrit les portes des salons romantiques. Conséquence de ces changements, une ère nouvelle s’ouvrirait. Particulièrement à l’écoute des courants artistiques, le jeune homme aimait à surprendre et à se démarquer du classicisme de ses concurrents.
Pleyel et Chopin, indissociables
Camille Pleyel fit la connaissance de Frédéric Chopin à l’automne 1831 et ce fut dans les salons Pleyel de son ami Camille qu’il donna son premier concert le 26 février 1832. Devant un parterre de grands pianistes parisiens et de chroniqueurs musicaux réputés, le succès fut immédiat.
Le succès ne le quittera plus jusqu’à sa mort mais Chopin resta fidèle à son ami Camille et aux pianos Pleyel dont le toucher se mariait parfaitement à son jeu, tantôt aérien et raffiné, parfois d’une violence mesurée.
" Quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son, il me faut un piano de Pleyel ", aimait à répéter Chopin.
Camille devint ainsi le fournisseur attitré de Chopin qui donnera en retour tous ses concerts publics parisiens dans les Salons Pleyel. Il y fit salle comble jusqu’à sa toute dernière prestation, quelques mois avant sa mort, survenue en 1849.
À la conquête du monde
L’amélioration continue des pianos
Si Camille entendait offrir aux musiciens un lieu de production digne de ce nom, il continua parallèlement à accorder une grande attention à l’amélioration des instruments qu’il produisait.
Il fut ainsi le premier à oser utiliser un cadre métallique pour ses pianos. Il transforma peu à peu la facture du piano de manière à répondre aux exigences nouvelles des compositeurs.
Pour obtenir des sonorités puissantes et riches, indispensables à certaines œuvres romantiques, il choisit de poser des barrages en fer dans les pianos à queue, qui par leur meilleure résistance offraient un plus grand volume sonore.
Il veilla également à donner au clavier une parfaite égalité. Camille ne cessa de déposer des brevets. Il introduisit en France le piano droit, perfectionna sa fabrication en inventant le son dit " prolongé ".
Des pianos pour tous
En 1838, il proposa un piano à queue de petit format (demi-queue) dont le son et le timbre restaient comparables aux grands modèles.
Soucieux de permettre à tous de travailler sur un piano Pleyel, il conçut dès 1839 un modèle d’étude carré à deux cordes et six octaves, d’excellente facture, très solidement construit et au prix très accessible.
Conscient d’entrer dans une période déterminante pour sa Maison en concurrence sévère avec celle d’Erard, Camille commercialisa ses petits pianos droits, les célèbres pianinos.
À la conquête du monde
En 1855, les ateliers occupaient 350 ouvriers et produisaient 1400 pianos par an.
Dès les années 1830-1835, Camille chercha à développer sa fabrique de pianos. Pour ce faire, il partit à la conquête d’une nouvelle clientèle en s’essayant au marché international, jusqu’ici dominé par les Anglais.
Estimant un débouché possible à son négoce, il soigna particulièrement la fabrication des instruments destinés aux pays étrangers, adaptant et modifiant leur construction en fonction des conditions climatiques auxquelles ils pouvaient être soumis.
Très vite, ses efforts furent couronnés de succès. On trouvait, dit un journal de l’époque, des pianos Pleyel non seulement dans les principales villes d’Europe, mais aussi à la Nouvelle-Orléans, en Colombie, au Chili, au Pérou, au Brésil, aux Indes et même en Australie.
La reconnaissance de ses pairs
Ces quelques lignes, relevées en 1830 dans la Gazette musicale, témoignent de l’avancement des recherches et des découvertes de la maison Pleyel à cette époque :
" La réputation des pianos de MM. Pleyel est désormais faite dans le monde et parmi les artistes. Sous le rapport de la qualité du son, ces instruments ne laissent rien à désirer et me semblent même l’emporter sur les pianos anglais, qui furent longtemps un modèle de fabrication.
MM. Pleyel ont encore trouvé le moyen d’améliorer leurs produits en changeant le système des claviers et en leur assurant de la légèreté. " Une époque au cours de laquelle la maison Pleyel multiplia les récompenses notamment les médailles d’or à l’Exposition Nationale de Paris. Camille n’était pas en reste et avait été promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur en 1834.
Le 4 mai 1855, Camille décéda " au milieu d’un véritable succès industriel ", comme l’écrivit le journal L’Illustration. Il reçut sa dernière récompense à titre posthume : une médaille d’honneur à l’Exposition Universelle de Paris la même année.
L’industrialisation
Un entrepreneur d’exception
Associé à Camille Pleyel dès 1853, Auguste Wolff prit la direction de la Maison en 1855. A l’instar des Pleyel, il était également issu d’une famille de musiciens. Né à Paris en 1821, Wolff était un compositeur talentueux et un excellent musicien, premier prix de piano au Conservatoire de Paris en 1839. Il fit montre de toutes les qualités d’un entrepreneur actif, ce qui lui permit de prolonger l’œuvre des Pleyel. Il fut un facteur de pianos d’exception et contribua grandement au développement de l’entreprise, notamment par l’ingéniosité et la qualité de ses innovations.
Une vaste usine à Saint-Denis
En 1865, afin d’accompagner le développement commercial retentissant de la Maison, les ateliers de fabrication Pleyel furent transplantés à Saint-Denis. On y érigea une vaste usine de 55 000 mètres carrés. Celle-ci comprenait des ateliers équipés de machines à vapeur, de grandes zones de stockage pour entreposer les matériaux en provenance du monde entier et des bureaux destinés à la direction.
Les progrès de la technique industrielle dus au développement des machines à vapeur et de la dynamo électrique, permirent de produire un nombre d’unités jamais égalé, avec un pic en 1866, année au cours de laquelle 3 000 pianos sortirent de l’usine.
De facteur de pianos à industriel
Auguste Wolff sut tirer parti de la révolution industrielle et adapta la mécanisation à son outil de travail. Wolff fit preuve d’une grande rigueur entrepreneuriale, mais se révéla aussi humaniste et visionnaire. Conscient de la difficulté à gérer un personnel très important pour l’époque (jusqu’à huit cents personnes pouvaient travailler sur le site), Wolff s’intéressa également aux nouvelles conditions de travail inhérentes au progrès technique et sut mettre en place des mesures sociales novatrices.
Un gigantesque laboratoire de recherche
Dans cette usine moderne, des entrepôts plus vastes et des laboratoires de recherche contribuèrent également à la qualité des instruments qui sortaient des ateliers. Bois, métaux, feutres et vernis étaient testés au sein même de l’usine. Wolff veillait à ce que les métaux utilisés sur ses pianos soient façonnés et expérimentés sur place. Le choix minutieux des matières premières demeurait une condition indispensable à une parfaite fabrication en série.
Une technicité sans équivalent
Les progrès techniques, la qualité de l’usine et la volonté de tous firent que les pianos Pleyel ne cessèrent de se perfectionner. Les diverses innovations n’étaient guidées que par la qualité finale, la fiabilité du piano et surtout le son qu’il déployait. Parmi les innovations du milieu du XIX e siècle, on peut citer : la création du piano pédalier (adaptation des pédaliers qu’on trouvait sur les orgues), le clavier transpositeur indépendant et adaptable à tous les pianos (clavier mobile qui se superpose au clavier ordinaire), la pédale tonale sur le piano à queue, l’amélioration du double échappement…
L’utilisation des cordes parallèles et croisées, l’attention accordée aux tensions et une sélection pointue des matériaux permirent de donner plus de résistance et de légèreté aux barrages. Wolff remplaça le cadre en bois par un cadre en fonte afin de conférer une sonorité fine et délicate aux pianos. Couronnement de toutes ces innovations, une médaille fut décernée à la Maison Pleyel lors de l’Exposition Universelle de Londres en 1862.
L’âge d’or
Pleyel, le son " à la française "
A la suite de la disparition d’Auguste Wolff, Gustave Lyon prit les rênes de la Maison Pleyel. Né en 1857, Lyon était un ancien élève de l’Ecole Polytechnique et détenait un diplôme d’ingénieur des Mines. Musicien accompli, lui aussi, il utilisa ses connaissances scientifiques pour améliorer la qualité des pianos et découvrir les secrets de l’acoustique.
L’une de ses premières innovations fut de doter les pianos d’un cadre métallique en acier spécial – le fameux " acier Pleyel ", un métal spécifique moins carburé, coulé d’une seule pièce et non assemblé.
Ses inventions lui valurent un prix d’honneur à l’Exposition Universelle de Paris de 1889, date à laquelle la Maison Pleyel produisit son 100 000e piano. Un titre de gloire exceptionnel car Pleyel fut le premier fabricant de pianos au monde à atteindre ce nombre.
Au tournant du nouveau siècle, la marque Pleyel conservait ses inconditionnels. Ce fut en effet sous la houlette de Lyon que les pianistes purent adopter le fameux son Pleyel, incarnant " le son à la française " grâce à ses couleurs romantiques singulières. Les Pleyel présentaient les caractéristiques d’une grande légèreté, d’une rondeur, d’une puissance des graves et d’un scintillement des aigus tels qu’ils déployaient une réelle harmonie. Le son des pianos Pleyel sut séduire toute la jeune génération d’alors, composée de musiciens russes pour l’essentiel.
En 1907, Gustave Lyon organisa un concert en leur honneur à la Salle Pleyel de la rue de Rochechouart. Camille Saint-Saëns, promu par la Maison Pleyel quand il avait onze ans, organisa l’événement qui rassembla de prestigieux pianistes : Rimsky- Korsakov, Rachmaninov ou encore Wanda Landowska.
Les modèles P et F
L’apogée de la maison Pleyel se situa dans les années 1925-1930, époque où furent créés de prestigieux modèles.
Lyon est en effet l’inventeur du célèbre piano droit baptisé " modèle P ", que le spécialiste Jean-Jacques Trinques a surnommé " le roi des droits ", et du mythique " modèle F ", un quart de queue inspiré du célèbre modèle " 3 bis ".
Grandeur...
La salle Pleyel
Non content de fabriquer des pianos, Gustave Lyon était également fasciné par l’acoustique des salles de concert à une époque où le son relevait plus de l’empirisme que de la science. Lyon devint un spécialiste de l’acoustique des auditoriums et ses recommandations furent régulièrement suivies par les architectes.
La construction de la Salle Pleyel en 1927, rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, marqua l’apothéose de cette dynastie. Cet imposant édifice consacré à la musique présentait à son ouverture une capacité de 2 600 places, devenant ainsi l’un des trois plus prestigieux auditoriums du monde, au côté du Concertgebouw à Amsterdam et du Carnegie Hall à New York.
Ce temple de la musique classique et du jazz accueillit pendant de longues années les plus grands artistes de la planète.
...et décadence
La crise de 1929
Mais la crise de 1929 va annoncer, avec un dépôt de bilan en 1933, une longue décadence qui se termine tristement en 2013 par la fermeture de l’atelier de production de Saint Denis, dernière survivance désespérée d’une grandeur passée, qui ne produisait d’ailleurs au compte-goutte que quelques exemplaires pour une riche clientèle plus à la recherche de pièces uniques de designers célèbres que de véritables instruments.